LE SCANDALE ÉOLIEN par Antoine Waechter
Le développement de l’éolien terrestre repose sur une
escroquerie intellectuelle et politique
Après avoir colonisé
les champs de betteraves et de céréales de la Picardie et de la Champagne, les
aérogénérateurs investissent dorénavant les reliefs boisés de la basse
montagne, dénaturant les plus beaux territoires de France et dégradant
l’environnement de dizaines de milliers de personnes.
L’énergie éolienne
a, semble-t-il, la sympathie d’une petite majorité de nos concitoyens, mais
suscite des dizaines de procès devant la juridiction administrative. Cette
réalité contrastée oppose ceux qui ne connaissent que les photographies de
pales blanches sur un fond de ciel bleu à ceux qui vivent la proximité de ces
monstres technologiques. L’adhésion repose sur une double escroquerie
intellectuelle et politique : l’éolien serait nécessaire pour se passer du nucléaire
et pour limiter les gaz à effet de serre, plus largement l’avenir
appartiendrait aux énergies renouvelables.
Au niveau actuel de
consommation énergétique, le renouvelable est parfaitement incapable de
remplacer les énergies à haute densité comme le pétrole et l’atome. Il serait
nécessaire d’abîmer tous les cours d’eau, de piller la forêt et de couvrir la
France de panneaux solaires et de mâts géants pour atteindre cet objectif. Le
cœur de la transition énergétique ne peut raisonnablement être qu’une réduction
radicale de la consommation : tous les connaisseurs en conviennent.
L’escroquerie politique est de taire cette vérité. L’investissement dans les
nouvelles technologies de production d’électricité en veillant à ne rien
changer à nos modes de vie et à notre organisation socio-économique consiste à
poursuivre le modèle de développement à l’œuvre depuis près de deux siècles.
C’est plus confortable politiquement… et nous achemine vers l’impasse en toute
bonne conscience.
L’éolien n’est pas
une alternative au nucléaire. La loi de transition énergétique a inscrit dans
le marbre le niveau de production actuelle. L’EPR de Flamanville, qui aura
coûté plus de 10 milliards d’euros, est annoncé pour une durée de vie d’au
moins 60 ans. Un Etat qui a décidé de sortir du nucléaire n’équipe pas le pays
en centrales pour le prochain demi-siècle. La réduction promise de la part de
l’atome n’est qu’une illusion d’optique : l’accroissement de la consommation
d’électricité, voulu par la loi (notamment par une électrification du parc
automobile), conduit mécaniquement à diminuer la part relative sans avoir à
modifier la trajectoire du modèle.
Enfin, l’éolien n’a
pas sa place dans un mixte énergétique dominé par le nucléaire. Une énergie
aléatoire suppose des relais rapidement mis en œuvre, comme des centrales
hydroélectriques ou des centrales thermiques. L’hydroélectricité étant à peu
près totalement mobilisée, le développement des centrales au gaz est le corollaire obligé de l’éolien. En d’autres termes, le développement de l’éolien
exige le développement conjoint de centrales mobilisant des énergies fossiles
et ne constitue pas, en soi, une réponse à la dérive climatique. L’Allemagne,
qui est en voie de fermer toutes ses centrales nucléaires, est aujourd’hui l’un
des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de l’Union européenne.
Des milliers de personnes en souffrance
La multiplication des
parcs éoliens massacre les paysages de France et provoque la souffrance de
milliers de personnes. La course aux autorisations d’implanter conduit à
coloniser des territoires sans vent comme l’Est du pays, hier considérés comme
inaptes aux éoliennes. Pour atteindre la rentabilité, les développeurs
installent dorénavant des engins de 200 mètres de haut (pâles + mât), soit 4 à
6 fois plus que les objets déjà existants comme les clochers, les flèches de
cathédrale, les pylônes de lignes très haute tension…
De grands voiliers,
comme les rapaces, sont tués par les pâles, tandis les poumons des
chauves-souris éclatent sous l’effet de la dépression d’air créés par leur
mouvement. Chaque éolienne vide un espace d’environ 1,8 hectare de tout
vertébré (oiseaux et mammifères notamment), soit 9 hectares par parc de 5
machines, ce qui est sans incidence majeure dans un champ de maïs, mais très
impactant au-dessus d’une forêt.
L’Académie de
médecine a recensé tous les troubles suscités par la proximité d’un
aérogénérateur, dans un rapport très complet publié en juillet 2017 : création
de conditions favorables aux crises d’épilepsie, effet stroboscopique lié à
l’ombre portée des pâles sur les maisons, malaises liées aux ultrasons produits
par les vibrations des mâts, nuisances sonores. Le bruit du puissant brassage
d’air (la prévision des zones de nuisances est complexe) fatigue le système
nerveux par sa permanence comme la goutte d’eau qui tombe des heures durant. La
nuit noire étoilée est rompue par les flashes rouges qui signalent les mâts aux
avions : impossible de retrouver le charme d’un dîner en plein-air par une nuit
douce d’été lorsque ces éclairs lumineux vous rappellent en permanence la
présence de cette zone industrielle dédiée au vent.
Le scandale de l’Etat complice
Le scandale tient au
fait que l’Etat a livré le pays aux spéculateurs du vent. Vous devez déposer un
permis de construire pour édifier une maisonnette de 20 m² de surface habitable
et d’une hauteur de 2,5 mètres. L’installation d’un aérogénérateur de 200
mètres de haut assis sur un bloc de béton de 75 tonnes et 200 m² de surface est
exonéré de permis de construire ! L’implantation n’est soumise à aucune
planification : les zones de développement éolien, déjà peu démocratiques dans
leur élaboration, ont été supprimées en 2015. La décision du Sénat d’imposer
une distance minimale de 1000 mètres entre une éolienne et une habitation a été
annulée par le Gouvernement Vals. La Bavière vient d’instaurer une distance
égale à 10 fois la hauteur de la machine, soit 2000 mètres pour une hauteur de
200 mètres ; l’Académie de médecine avait recommandé 1500 mètres voici quelques
années déjà.
L’Etat ne cesse de
faire évoluer les règles pour satisfaire le lobby des spéculateurs du vent.
Dernier cadeau annoncé : le secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot veut
rendre plus difficile les recours contentieux des associations (même logique
que François Hollande qui, pour protéger la promotion immobilière, a, par les
ordonnances de février 2014, rendu plus difficile le recours des citoyens).
L’éolien ne fait pas bon ménage avec la démocratie. Les projets
d’aérogénérateurs ne font jamais l’objet d’un référendum local et se développe
le plus souvent dans la plus grande discrétion pour ne pas alerter les
défenseurs du paysage et du cadre de vie.
Ainsi, loin de
défendre la population, l’Etat fait le jeu des spéculateurs internationaux du
vent contre l’intérêt des Français.
L’énergie entre les mains du capitalisme international
L’installation d’un
parc éolien se joue en deux temps. Dans un premier temps, un développeur
d’éoliennes contacte les maires situés près d’une ligne électrique et lui vante
les bénéfices financiers à attendre d’une implantation. En cas d’accord, il
monte le dossier, fait faire les études (souvent affligeantes en ce qui
concerne le paysage, l’impact sur la santé publique et sur la faune), contribue
à l’enquête publique, défend le projet devant le tribunal administratif. Coût
de l’opération : environ 1 million d’euros.
L’autorisation
obtenue est mis en vente sur le marché mondial. Elle est acquise le plus
souvent par des fonds de pension américains, britanniques, canadiens.. par des
pétroliers…, pour une somme de l’ordre de 15 millions d’euros pour un parc de 5
aérogénérateurs. L’acheteur dépensera encore quelques millions d’euros pour
l’acquisition des machines et leur montage. Il vendra sa production à EDF qui
est tenu de la racheter à un prix supérieur au prix de marché de l’électricité
pendant une durée contractuelle de 10 ans. La différence est payé par la taxe
dite contribution au service public de l’électricité (CSPE) que paient
dorénavant tous les consommateurs d’énergie. Cette taxe vient encore
d’augmenter.
Tous les acteurs
gagnent, sauf le consommateur français. Le développement de l’éolien industriel
est d’abord une affaire de gros sous : la principale motivation n’est pas de
produire des kW/heure mais des euros dans un cadre sans risque puisque garanti
par l’Etat.
L’une des
conséquences de ce développement est de placer l’appareil de production
énergétique d’origine éolienne entre les mains de capitaux étrangers : les
consommateurs français sont ainsi appelés à contribuer aux retraites des Américains
et des Britanniques.
Pour une transition énergétique intelligente
Il ne s’agit pas de
mener une guerre idéologique contre les aérogénérateurs industriels, mais
d’exiger que l’Etat reprennent la main sur le développement de l’éolien en
localisant les zones d’implantation et en précisant des modalités qui
préservent les paysages, la population et la démocratie. Une transition
énergétique intelligente suppose le courage de fixer comme objectif central la
réduction de la consommation d’énergie, quelle qu’en soit la source, et de
définir une stratégie au service de cet objectif : interdiction du chauffage
électrique, limitation des éclairages nocturnes, réduction des déplacements
imposés en voiture par une interdiction de construire des zones d’activités
près des échangeurs routiers et de grandes surfaces commerciales en périphérie
de ville, isolation des bâtiments, interdiction de construire des bâtiments
énergivores….
A chaque région, un
mixte énergétique conforme à son tempérament. Les aérogénérateurs n’ont pas
leur place dans les espaces naturels, les montagnes et les forêts, ni dans le
champ de visibilité de nos monuments.
L’Etat protège-t-il
les intérêts de grands groupes financiers ou la santé et le cadre de vie des
Français ? Très clairement, les décisions prises au cours des dix dernières
années profitent à la finance internationale au détriment des gens.
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